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11/02/2004,
Phnom Penh

Alors, pas mal de choses à raconter depuis notre dernier mail. Tout d'abord le passage de la frontière s'est passé sans aucun problème, les visas ont été faits en dix minutes plus quelques files d'attente pour faire vérifier les passeports par les postes frontières des deux pays. A peine le temps de souffler qu'on était au Cambodge. On a découvert un pays très différent de la Thaïlande en tout juste 300 mètres de marche : routes en terre défoncées, gamins crados à poil qui traînent dans les rues, mendiants, détritus un peu partout, odeurs pestilentielles, sans parler des unijambistes, les mines ont fait beaucoup de dégâts ici. Je ne sais pas au juste à quoi on s'attendait mais là on avait plutôt l'impression d'être en Inde.

La première surprise passée il a fallu trouver un moyen de transport qui nous conduirait à Siem Reap. Comme on ne voulait pas trop se faire plumer on a marché environ un kilomètre après le poste frontière pour éviter les gêneurs. On a ensuite été pris par un "taxi", on ne savait heureusement pas à ce moment que nous attendait un très long voyage, et donc de la fatigue et des engueulades en perspective. On entend ici par taxi un vieux pick-up sur la plateforme duquel s'entassent toutes sortes de marchandises, bagages, voyageurs et autres paquets non identifiables.
On s'est donc hissé avec nos sacs sur ladite plateforme, rejoignant ainsi treize Cambodgiens et Cambodgiennes, deux bébés, des cartons, des tonnes de sacs en plastique remplis de vaisselle en inox, des fruits, une roue, des ballots de linge, un chat, etc.… Après s'être installés tant bien que mal (plutôt mal d'ailleurs), une mémère édentée m'a collé ses genoux dans les tibias, et un de ses innombrables sacs de vaisselle a fini par m'échoir sur les genoux, sans parler d'un carton qui m'empêchait de poser mes pieds au sol. De son côté, Julien, à l'autre bout du pick-up, devait tenir les sacs d'une main pour ne pas les perdre en route et conserver un équilibre précaire de l'autre.
Au bout de dix minutes, on trouvait encore le voyage pittoresque et amusant tout en se disant malgré tout que ça allait être très long et inconfortable (la route étant complètement défoncée, on se tapait le cul sur les rebords du pick-up à chaque bosse, soit environ toutes les deux secondes), lorsqu’une averse torrentielle s'est mise à tomber. Le chauffeur s'est arrêté pour nous donner une vieille bâche crasseuse et trouée qu'on a dû tendre au-dessus de nos têtes et agripper comme des forcenés pour ne pas qu'elle s'envole, exercice difficile vu que le chauffeur roulait comme un dingue malgré l'état de la route, ce qui permettait au vent de s'engouffrer sous la bâche en la faisant claquer comme une bannière…
Bien entendu un des trous se trouvait juste au-dessus de ma tête, ce qui permettait qu'une vieille coulure d'eau boueuse me ruisselle dessus pendant que j'agrippais la bâche dans mon dos pour essayer de ne pas avoir les fesses trempées (effort qui s'est d’ailleurs avéré complètement inutile). Au bout de vingt minutes on a tout remballé et continué à rouler pendant une heure trente jusqu’à Sisophon, première étape du voyage.

On a alors dû changer de véhicule pour un autre pick-up encore plus chargé. Une fois juchés sur le haut du chargement on a poireauté une heure sans savoir pourquoi; quand on est enfin parti il faisait déjà nuit alors qu'il nous restait une centaine de kilomètres à faire sur une route encore plus défoncée que la précédente. Bref au bout de trois heures de poussière, meurtrissures dues aux cahots et tentatives désespérées pour ne pas être éjectés par-dessus bord, on est enfin arrivé a Siem Reap, rouges de la tête aux pieds et crevés mais entiers. Une bonne heure a encore été nécessaire afin de trouver un hôtel miteux où j’ai passé une nuit blanche à me débattre avec les moustiques pendant que Julien dormait comme un bienheureux.

On a passé quatre jours à Siem Reap, la ville est assez sympa et tranquille, et le site d'Angkor aussi grandiose qu'on pouvait l'imaginer. On a visité une vingtaine de temples en deux jours, tous magnifiques et très bien conservés, même si certains sont engloutis sous des arbres gigantesques. Le site étant très étendu on n'a pas tout vu, d'autant qu'au bout de soixante kilomètres à vélo, de marche et crapahutage dans les temples en plein soleil on commençait à saturer un peu.

On est ensuite parti pour Battambang en bateau. Le trajet, qui dure normalement trois heures en saison des pluies, devait mettre un peu plus de temps à cause du bas niveau de l'eau… Á la vue du bateau Julien est devenu blême. Il est vrai qu'il était plutôt petit pour la quinzaine de passagers que nous étions et qu’il penchait dangereusement mais jusque là rien de très inquiétant. Après être sortis du port nous avons pris un plus gros bateau et Julien a repris des couleurs. Quatre heures de navigation assez tranquilles ont suivi, puis après quelques signes de faiblesse notre bateau est tombé en panne au milieu d'un village flottant. Une heure ou deux d'attente, un petit rafiot est enfin venu nous récupérer, beaucoup trop petit pour nous tous et donc en surcharge totale. Julien s'est remis à paniquer sérieusement en me disant qu'on allait y rester. J'ai rigolé en disant que vu le niveau de l'eau (tout au plus un mètre au milieu de la rivière) on ne risquait pas de se noyer, mais après plusieurs échouages du bateau sur des bancs de sable, la pompe d'écopage qui est tombée en panne, l'arrière du bateau qui s'enfonçait de plus en plus dans l'eau (les passagers refluaient progressivement à l'avant) et les regards angoissés du conducteur, je n'étais plus très sereine…
On est tout de même arrivé après dix heures de navigation plus que laborieuses à Battambang où nous attendaient une dizaine de rabatteurs d'hôtel hurlants et déchaînés, et on a dû faire preuve de la plus grande patience pour ne pas en égorger un.

La ville, de style colonial français, n'est pas inoubliable mais on a quand même passé une journée à la visiter ainsi que les environs (des temples encore, et des grottes qui ont abrité des centaines de cadavres résultant des massacres des khmers rouges, horrible et impressionnant).

Ce matin nous sommes partis en bus pour Phnom Penh, à 280 kilomètres de route, on voulait essayer le train mais c'est quinze heures au lieu des six heures en bus, le pays est en pleine reconstruction et les axes de circulation assez délabrés. On a trouvé une pension correcte, des infos sur la ville dans le prochain mail, on va essayer de retrouver Romain mon copain pharmacien de Toulouse qui rédige sa thèse sur les faux médicaments au Cambodge.

22/02/2004, Phnom Penh

Des nouvelles fraîches, alors que notre séjour au Cambodge se termine. Nous avons passé presque cinq jours à Phnom Penh, avec un programme assez cool. On s'est pas mal baladé dans cette ville très agréable qui malgré son statut de capitale compte encore la moitié de ses rues en terre battue, des quartiers pauvres et assez crados, en même temps qu'une rive du fleuve très huppée avec grands hôtels et bars branchés.
Les curiosités de la ville nous ont bien occupé, entre autres le Palais Royal, le musée national qui recèle beaucoup de pièces prélevées sur le site d'Angkor, et ce qui nous a le plus marqué, le musée du génocide Khmer, situé dans une ancienne prison qui a vu défiler et mourir plus de 8 000 Cambodgiens sous la torture des Khmers Rouges… Plus les charniers à quinze kilomètres de la ville qui ont permis de se débarrasser des cadavres et où sont maintenant entassés des milliers de crânes dans un monument funéraire à la mémoire des victimes. C’était très émouvant et difficile de se retrouver dans ces lieux et de s’imaginer toutes les personnes qui ont vécu là enfermées et torturées par leurs geôliers. D’autant que les photos de tous les prisonniers tapissent des panneaux entiers dans plusieurs salles et qu’on peut y voir toutes sortes de personnes d’origines diverses dont des enfants très jeunes.

On a aussi retrouvé Romain avec qui on a fait quelques visites. Après ça, direction Sihanoukville et ses plages pour deux jours de repos, baignades et langoustines grillées. La ville n'a rien d'extraordinaire mais elle est très calme et agréable, juste ce qu'il nous fallait car on commence à être un peu fatigués par toutes ces visites et ces marches interminables… et quand la fatigue s'installe on s'énerve plutôt facilement. Enfin bon le côté positif ici est qu'on peut s'insulter copieusement en pleine rue sans que personne ne comprenne rien, et on ne se prive pas de ce petit plaisir. On repère les Français à des kilomètres, on se tait et on planque le guide, Julien parle même anglais pour donner le change mais là généralement ça nous grille.

On est ensuite parti passer trois jours a Kampot, une ancienne ville coloniale française avec de très jolies villas construites dans les années trente, aujourd'hui un peu décrépies mais avec un cachet certain. Ce coin est sans doute l'un des plus beaux du Cambodge, nous avons passé une journée dans le parc national de Bokor, ballottés dans un pick-up (encore…) sur une petite route défoncée au milieu d'une jungle brumeuse, grandiose! On se serait cru dans un décor de film sur la guerre du Vietnam.
Toujours dans ce parc a été construite une station climatique par les Français dans les années vingt : un palace casino, une église, un château d'eau, une maison du roi, etc. La station d'altitude a bien sur été désertée pendant la guerre, et aujourd'hui les bâtiments laissés à l'abandon surplombent la jungle et tout le parc de Bokor avec le golfe de Siam à l'horizon, c'est vraiment très beau et on aimerait faire un saut dans le temps pour voir ça à la grande époque.

Hier nous sommes allés a Kep, une station balnéaire construite par les Français au tout début du siècle et complètement ravagée par les Khmers rouges. Il ne reste malheureusement presque aucun bâtiment d'époque car les rares vestiges ont été vendus aux Vietnamiens comme matériaux de construction par les Cambodgiens.

Nous faisons une dernière escale a Phnom Penh avant de partir demain pour le Vietnam, passage obligé car le pays est encore très mal desservi, le réseau ferré quasi inexistant, les routes pour la plupart dans un état déplorable et les fleuves au plus bas à cause de la saison sèche. Ceci nous empêche malheureusement de visiter l'est du pays, supposé très beau mais pour l'instant il faut deux/trois jours pour rallier le moindre village, et il n'y a aucune infrastructure pour accueillir les touristes. Dans dix ans peut être… Enfin bon on ne s'en plaint pas car les touristes sont vraiment très peu nombreux, la plupart des sites sont déserts et le pays encore assez authentique, d'ailleurs la plupart des Cambodgiens sont adorables avec nous.
Ce matin on s'est entassé a 23 dans un minibus de 12 personnes, Julien avait les genoux dans le menton et moi un paquet de poissons séchés a l'odeur abominable juste derrière la tête… Trois heures de tape-cul pour rallier la capitale avec les dents qui crissent à cause de la poussière, on était content d'arriver.

Sinon quelques détails sur les gens pour pimenter ce mail assez descriptif : ici beaucoup de femmes portent des pyjamas comme vêtements de ville, les mêmes que ceux que l'on met pour dormir (il y en a pour tout les goûts : rose, avec des coeurs, en simili satin, avec des nounours, des carreaux, des fleurs, etc.) ça fait vraiment bizarre. Sinon les vêtements sont assez couvrants, les épaules ne sont jamais dénudées et les jupes et les pantacourts jamais au-dessus du genou; les Cambodgiennes se baignent en mer tout habillées. Seules les filles des grandes villes s'habillent à l'occidentale, mais façon années 80 avec des jeans et des tops assez ringards. Enfin on doit aussi passer pour des ploucs avec nos fringues mal lavées (le "laver sans frotter" Mir express ne marche pas du tout, et même après 10 minutes de frottage intensif les fringues gardent des traînées marrons du plus bel effet… enfin au moins ça sent le propre).
Concernant les couples, on ne couche jamais avant le mariage, mais à priori on peut choisir son conjoint et il y a peu de mariages arrangés. La femme est là pour faire des enfants et la cuisine et le mari doit rapporter de l’argent au ménage, en contrepartie il peut aller au bordel pour le vrai sexe.
Dernier détail horripilant, mais qui reflète assez bien la nature patiente et taciturne des Cambodgiens. Beaucoup de gamins (dans les villes) ont des chaussures qui font couic-couic (le même bruit que les jouets pour chiens) à chaque pas, je dis bien à chaque pas, du matin où le môme enfile ses incroyables godasses jusqu'au soir où il les quitte…
Au début on n'arrivait pas à y croire, on pensait que c'était exceptionnel, l'oeuvre d'un fou qui aurait voulu tester sa résistance au stress, mais non il y en a plein, des couic-couic à chaque marche, chaque coin de rue, et les mômes qui tapent bien fort des pieds au cas où le bruit ne se ferait pas assez entendre… je guette le visage des parents avec curiosité et stupéfaction, pas le moindre signe d'agacement, mais toujours ce même air impassible quand ce n'est pas un sourire béat face à leur petit mignon. On a vraiment du mal à s'y faire, surtout après une journée crevante en plein soleil, et même Julien parle de meurtre. Le must, vu une fois seulement (on espère que c'était un cas isolé) : des chaussures qui font un bruitage électronique différent a chaque pas, successivement un bruit de mitraillette, de téléphone portable, de lancer de grenade et autres sons non identifiés, avec en prime une lumière rouge qui s'allume en même temps. Pourvu que ça ne prenne pas en Europe.

Concernant la nourriture c'est plutôt bon dans l'ensemble même si on se prend à rêver d'un bon fromage coulant et d'un ballon de rouge… les gargottes où nous allons sont généralement correctes et bon marché, mais j'ai quand même eu une fois la bonne surprise de recracher dans mon assiette une vieille vis rouillée… heureusement pas de dent cassée et je préfère ne pas savoir d'où ça peut bien venir.

Voilà pour nos petites aventures, les prochaines seront vietnamiennes (on commence par l'extrême sud pour traverser tout le pays jusqu'en haut avant d'aller au Laos).

 

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