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29/02/2004
, Saïgon

Comment allez-vous et quoi de neuf en France ? Il faut avouer qu'ici on est coupé de tout et qu'on manque cruellement d'infos sur le reste du monde. Après la grippe aviaire qu'est-ce qui occupe nos journalistes en mal d'inspiration ? On espère que tout va bien pour vous et on profite d'une grande ville pour vous donner des nouvelles.

Le passage au Vietnam par voie terrestre s'est révélé assez laborieux. En effet on a dû prendre un bus de Phnom Penh à Neak Luong, puis on a embarqué sur un hors-bord qui nous a conduit jusqu’à la frontière : une heure de navigation sur le Mékong à fond la caisse pour faire 45 kilomètres, une vraie séance de tape-cul à cause du vent et des vagues, où on a cru perdre les sacs par-dessus bord à maintes reprises.
A commencé alors une interminable succession de démarches administratives, on a bien dû visiter six bureaux entre Kaam Samnor (Cambodge) et Vinh Xuong (Vietnam), avec en prime un plumage en bonne et due forme par un administratif zélé qui nous a fait payer un papier indiquant qu'on n'avait pas le SRAS (Avez-vous le SRAS ? Non. Merci ça fait deux dollars, circulez). Si on ajoute le fait que les photos de nos passeports ne sont pas forcément très récentes ni ressemblantes (j'ai les cheveux courts et un sourire niais, et Julien une tonsure de militaire et les yeux levés au ciel comme s'il avait vu la vierge), chaque type a bien passé cinq minutes à nous dévisager pour comparer nos têtes et photos. Bref on a tout de même fini par en sortir, et on a pris deux moto-taxis qui ont roulé comme des dingues pendant une heure à travers des petits villages pour nous conduire jusqu’à Chau Doc.

On a passé une petite semaine dans le delta du Mékong, région très verte et très belle qui nous a beaucoup plu. Une étape à Cantho, où nous avons fait une visite des environs en barque à moteur (huit heures de bateau, Julien était vert dès la veille rien qu'en y pensant) : lever à 5h30 pour les marchés flottants, très sympa, un fouillis inextricable de petites barques et bateaux plus gros chargés de fruits, viandes, poissons, boissons, beignets, qui se rentrent dedans, s'accostent, s'interpellent et se balancent leurs marchandises. On a été bien éclaboussé malgré la dextérité de notre conductrice, et j'ai bien cru y passer quand un bateau qui nous avait coincé m'a déchargé des litres de gaz d'échappement dans les bronches pendant cinq minutes. On a acheté quelques trucs et pris des milliards de photos, et je ne sais pourquoi beaucoup amusé les locaux.
Ça se confirme d'ailleurs depuis notre arrivée au Vietnam, les gens sont assez curieux et nous dévisagent sans aucune retenue, mais surtout ont l'air de toujours se foutre de nous. L'autre jour une bonne femme m'a montré du doigt en hurlant de rire, ce qui a eu le don de m'énerver au plus haut point, j'ai fini par la traiter de sauvage pour me calmer les nerfs.
Notre mini-croisière s'est poursuivie dans des petits canaux, féerique : la mangrove, des bananiers, des palmiers et autres plantations, et tous les gens qui vivent au bord de l'eau et qu'on a pu observer à notre tour. Ils font tout dans ce bouillon de culture : lessive, vaisselle, toilette et cuisine, sans oublier les toilettes des maisons sur pilotis, un simple trou dans le plancher qui donne directement au-dessus de l'eau…

On est ensuite allé à Soc Trang puis Mytho, surtout pour visiter divers temples et pagodes ainsi qu’une ferme aux serpents. On est maintenant à Saïgon depuis ce matin pour au moins cinq jours, car la ville regorge de choses à faire et à visiter, et on veut aussi profiter de la civilisation pour assouvir nos besoins consuméristes occidentaux du type cinémas, supermarchés ou librairies.

PS : Perrine ne dit pas qu’à Soc Trang, elle était terrorisée à la simple vue de malheureuses chauves-souris, piètre spectacle ! (Petite vengeance pour l'affabulation concernant le bateau).

05/03/2004, Ho Chi Minh Ville

Nous avons passé une petite semaine à Ho Chi Minh Ville (ex-Saïgon), et cette belle ville nous a conquis. Le passé colonial est omniprésent, les grandes bâtisses françaises sont très nombreuses, bien conservées et restaurées pour la plupart, et de nombreux musées exposent des photos de colons, des journaux français, des billets de banques, etc. Malgré le communisme avéré du pays, Saïgon a su évoluer avec le siècle: immeubles de verre, hôtels de luxe, boutiques à l'enseigne des grandes marques occidentales et restaurants gastronomiques internationaux pullulent dans le quartier central de la ville. Un écran plat géant fait défiler des pubs pour les téléphones, produits laitiers, sodas ou crèmes de soin toute la journée. Les gamins arborent fièrement des tee-shirts de Mickey tandis que les jeunes Vietnamiens portent des bobs US army (on en a même vu un avec un faux casque de GI), les jeunes filles se déhanchent sur des talons compensés dans des pantalons ultra moulants... pendant que le drapeau communiste flotte vaillamment et que les portraits d'Ho Chi Minh trônent dans toutes les administrations, les boutiques et sans doute dans de nombreuses maisons au-dessus de la télévision par satellite.

Bref nous avons donc visité pas mal de musées dont le musée des souvenirs de guerre, très poignant, notamment les photos des reporters de guerre ou encore de tous les enfants malformés à cause de l'agent orange déversé sur les villages paysans par les Américains pendant leurs fameuses frappes chirurgicales. On a arpenté beaucoup de rues, de boutiques, de marchés et bien dépensé notre argent.

Comme la chaleur est assez oppressante en ce moment, on a passé une journée dans un parc aquatique local, le Saïgon Water Park. Assez sceptiques quant à la qualité dudit parc, on s'attendait à un baquet miteux, un pauvre toboggan et quelques chaises longues moisies. On a découvert avec plaisir un parc magnifique et impeccable digne des plus beaux Aqualand occidentaux, désert à l'ouverture, ce qui nous a permis d'être seuls dans la piscine à vagues et d'essayer dix fois chaque toboggan. Julien était surexcité, il courait partout comme un jeune chien, j'avais l'impression d'être avec mon petit frère (en plus mastoc quand même). Après un ramonage des sinus efficace, quelques muscles froissés et un râpage de la face au fond de la rivière à bouées, on a fini par faire une pause déjeuner qui nous a permis d'observer les locaux arrivés entre-temps.
Des hordes de gens, familles, marmaille et groupes de jeunes avec paniers repas, glacières, voire même matériels de cuissons avaient investi nombre de chaises longues, parasols et tables de pique-nique. D'abord amusés par le joyeux tumulte de tout ce petit monde, on s'est ensuite un peu étonné des coutumes locales. En fait comme les femmes ne se montrent pas dénudées, elles se baignent tout habillées, ce qui n'est pas choquant en soit sauf qu'elles n'ont pas de tenues spéciales mais leurs sous-vêtements, des pantalons et des tee-shirts de ville qu'elles ont porté avant. Idem pour les gosses, quand ils n'ont pas des couches, et on se dit bien sûr que tout le monde pisse joyeusement dans la flotte puisque les toilettes sont restées étonnamment impeccables tout au long de la journée. Je n'ose pas penser au reste quand on sait que les asiatiques n'utilisent pas de tampons... Enfin tout cela n'est rien quand on a vu ensuite que les gens mangeaient souvent et partout c'est-à-dire surtout dans l'eau. Les sandwichs, les saucisses grillées, les chips, les canettes de bière sont consommés dans les piscines et sur les bouées de la rivière. Splotch, la mayonnaise qui coule dans l'eau, plouf la poignée de cacahuètes qui tombe au fond de la piscine à vagues, on a même vu un gamin qui plongeait régulièrement sa saucisse graisseuse dans l'eau javellisée de la piscine avant chaque bouchée... amusant quoique pas très hygiénique.

Aujourd'hui nous sommes allés visiter les tunnels de Cu Chi, 250 kilomètres de souterrains creusés dans les années 40 par les Viet Minhs et réutilisés par les Viet Congs pendant la guerre pour résister aux offensives américaines dans le sud Vietnam. On a pu voir les trappes camouflées, les pièces souterraines et les pièges inventifs destinés aux GI, surtout à base de pieux en bambou et en métal déclinés sous toutes leurs formes sympathiques. Par exemple un gros boulet hérissé de pointes, caché dans un arbre et relié au sol par une corde, quand le GI butte sur la corde, le boulet lui éclate le crâne, ou encore une adaptation des pièges à tigre pour les hommes qui permettait d'empaler les soldats. On a ensuite visité une petite partie des tunnels : 1,20 mètres de haut sur 0,80 de large, on était les uns derrière les autres accroupis ou à quatre pattes à ramper dans ces goulets surchauffés car mal aérés, suant et haletant comme des phoques asthmatiques. Julien était rouge comme une tomate, son mètre quatre-vingt douze plié en quatre dans ces conduits étriqués; on est ressorti tout poussiéreux et râpés mais ravis de l'expérience.

C'est notre dernier soir à Ho Chi Minh Ville, on part demain à l'aube pour Mui Ne, une plage de 25 kilomètres de long célèbre pour ses dunes de sable. Un peu de repos salutaire avant de poursuivre notre route vers le nord du pays.

13/03/2004, Nha Trang

Après notre séjour à Saïgon, nous sommes allés à Mui Ne pour profiter un peu des plages vietnamiennes. Nous y avons trouvé un bungalow correct avec sanitaires communs, à deux pas de la plage. Pour bien situer le décor il faut préciser que la deuxième activité de Mui Ne après le tourisme est la fabrication artisanale de nuoc mam. Et si toute la plage est bordée par des bungalows et des complexes hôteliers, des fabriques et des boutiques de nuoc mam (par dizaines) leur font face... En résulte une odeur pestilentielle de poisson pourri qui flotte dans l'air en permanence, ce qui il faut l'avouer enlève un peu de son charme à l'endroit. Si l'on ajoute à cela la mésaventure qui nous est arrivée, je dois dire que cette plage n'est pas vraiment le petit paradis vanté par les dépliants que j'imaginais.

L'histoire est la suivante. Il devait être une heure du matin quand je fus réveillée par un bruit de sac en plastique que l'on froisse, bruit persistant et assez énervant que j'ai tout d'abord attribué à une personne au-dehors. Avec mon aide, Julien a lui aussi fini par se réveiller, soulager un besoin naturel dehors puis s'est recouché. Le bruit qui s'était arrêté entre-temps a repris de plus belle. "Tu as vu quelqu'un dehors? - Non, ça doit venir de l'intérieur". Julien a alors allumé sa lampe de poche, et là on a découvert un gros rat bien gras et répugnant tranquillement installé sur la table à grignoter nos provisions à moins d'un mètre de nos têtes.
Horrifiée, j'ai étouffé un hurlement et labouré le bras de julien de mes doigts tétanisés. Le rat a bondi prestement vers le plafond. Julien, tel un chevalier se lançant a l'assaut du dragon, s'est alors emparé d'un balai et a cogné consciencieusement dans tous les recoins du bungalow afin de faire fuir l'indésirable rongeur (quand je repense a lui en caleçon en pleine nuit en train de taper comme une brute sur les murs ça me fait plutôt rire, mais sur le coup pas trop). Julien a rangé nos provisions à l'abri, mais le stupide rat ne le sachant pas est revenu deux ou trois fois voir s'il n'y avait plus rien à manger, chacune de ses incursions déclenchant chez moi une terreur panique incontrôlée et des couinements hystériques que l'ignoble animal a dû prendre pour l'appel d'une rate en chaleur, ce qui expliquerait pourquoi il est revenu plusieurs fois. A l'affût du moindre bruit et le coeur battant à 200, il m'a bien fallu une heure pour me calmer et essayer de retrouver le sommeil.
Sans être parano, il semblerait que la faune locale se soit liguée contre moi, puisque le lendemain une chauve souris est venue s'empêtrer sous notre auvent en battant de ses ailes poilues pendant cinq bonnes minutes, et que les geckos ont animé nos nuits de leurs plaintes lancinantes. Pour finir, je me suis réveillée un beau matin avec environ 172 piqûres sur les deux jambes, oeuvre aboutie de je ne sais quelle bestiole qui fait que j'ai l'impression d'avoir de nouveau la varicelle, mais seulement sur le bas du corps. Les démangeaisons sont terribles et mes jambes ne sont plus que deux grosses écorchures rougeâtres et suintantes, l'eau de mer peaufinant bien le travail.

Depuis ces épisodes malheureux, nous avons quitté cet Eden pour Dalat, un petit bijou du centre-sud Vietnam situé à 1 500 mètres d'altitude, ce qui lui confère une température idéale après la fournaise du delta du Mékong. Cette ville, habitée par de nombreux groupes montagnards Vietnamiens, a été investie par les européens à la fin du XIXème siècle, devenant très vite une station populaire grâce à sa situation idéale, son climat tempéré et son gibier foisonnant. Les occidentaux et surtout les français y ont laissé leur empreinte, comme en témoignent les 2500 villas (maisons à colombages, toits de tuiles rouges, poutres apparentes, on se croirait dans une petite ville de montagne), la cathédrale imposante, les églises, et même une reproduction miniature de la tour Eiffel. Nous avons passé trois jours dans ce havre de paix à visiter la ville et ses alentours à pied et en moto, admirant les chemins de montagne, les cascades, les pinèdes, les cultures en terrasse ou encore les jardins maraîchers qui abondent dans la région.

Nous sommes depuis hier à Nha Trang, une petite ville balnéaire très jolie. Beaucoup de sites à visiter ici, la suite la prochaine fois...

21/03/2004, Hué

Je reprends le cours de notre histoire là où je l'ai laissée la dernière fois. Nha Trang donc, petite ville sympathique du littoral vietnamien réputée pour ses plages, ses dunes de sable, ses villages de pêcheurs, ses îles, et aussi des tours Cham, quelques temples et un grand bouddha blanc de vingt mètres de haut qui domine la ville, juché sur une petite colline verdoyante (ça c'est pour le côté culturel de l'étape).

Bien décidés à nous reposer après les cinq heures de bus (pour 200 kilomètres de trajet), nous sommes allés nous faire pomponner dans un salon de beauté vietnamien. L'esthéticienne, au moment de m'épiler, a fait une drôle de tête en voyant mes longs poils mais surtout les dizaines de boutons qui couvraient mes jambes; la cire chaude n'a d'ailleurs pas vraiment facilité la cicatrisation. Quant à celle qui s'occupait d'un soin du visage pour Julien, elle n'a cessé de glousser comme une dinde joyeuse pendant une heure, d'abord parce que Ju dépassait de vingt bon centimètres du lit, puis parce que je prenais plein de photos de sa face tour a tour écarlate, luisante, crémeuse puis recouverte d'un masque blanc. En fait les vrais mâles ne doivent pas souvent mettre les pieds dans des endroits pareils...

Après une visite de la ville, un tour au marché et quelques heures de chaise longue et de baignade, nous avons décidé de donner sa chance à une agence de voyage locale pour faire une sortie en mer d'une journée avec plongée masque et tuba dans les petites îles de Nha Trang. Après de longs palabres, la charmante employée nous a convaincus d'opter pour un circuit de quatre îles qui nous permettrait de voir différents fonds marins, le tout avec superbes photos de poissons et coraux à l'appui. On s'enquiert des derniers détails : dix-quinze personnes maximum, deux heures de plongée, tout compris. C'est parfait, on paye et la jeune fille, avec un grand sourire, nous promet une journée very exciting.

Le lendemain on arrive au port, on monte dans un gros bateau, un peu surpris par le nombre de passagers, trente-cinq plus le personnel. Au bout de trois quart d'heure on part enfin, le rafiot plein à craquer d'occidentaux et de Vietnamiens. Un type, qui s'avère être un des animateurs de la journée, s'empare alors d'un micro et se met à brailler en vietnamien pendant un quart d'heure. L'individu, déchaîné, est un hybride de Willem Dafoe (pour le physique) et de Vincent Lagaffe (pour le côté cabot, hystérique et exaspérant), version vietnamienne. Les locaux sont hilares, et le comique redouble de cris et rires forcés à chaque explosion de joie de la foule en délire. Effarés, on se demande si cette journée sera aussi catastrophique qu'elle le promet. Après l'interminable one man show, un autre type vient nous faire le même topo en anglais avec force hurlements, rires gras et blagues navrantes, et nous promet en résumé une journée fabuleuse, une surprise après le repas (aïe!), des femmes à poil, du whisky à volonté... tout un programme! On arrive finalement à destination et la première plongée au tuba n'est pas si mal.
On repart ensuite jeter l'ancre à notre deuxième escale, les hauts parleurs hurlant des reprises techno de Bob Marley et de la variétoche locale. On déjeune tous ensemble sous les encouragements des animateurs, puis l'équipe se met à installer un petit groupe de musique pseudo-improvisé sur le pont : deux mini-guitares électriques, une batterie faite de vieilles casseroles et poubelles en plastique, trois micros pour les chanteurs, et quatre micros sans fil pour le public... s'ensuit une très longue heure de chansons dans toutes les langues (entre autre La bamba, Elle descend de la montagne à cheval, Yellow submarine et autres chefs-d’œuvre inoubliables), de mauvaise musique a fond, de déhanchements frénétiques des passagers en transe et de solos désastreux d'artistes en herbe heureusement inconnus des maisons de disque.
Puis tout ce beau monde se jette à l'eau, et la fine équipe installe un bar flottant au milieu des nageurs (une caisse en plastoc sur trois flotteurs). Les verres circulent, finissant souvent au fond du récif corallien, les gens rougeauds et essoufflés rigolent et rotent, c'est la grande éclate. Je passerai sous silence les deux autres escales aussi édifiantes, le but de cette journée ne devant pas être très clair puisque les masques et tubas ont mystérieusement disparu entre-temps...

On était tellement remonté en arrivant au port qu'on a foncé à l'agence hurler notre mécontentement, sans doute convaincants puisqu'on s'est fait rembourser la moitié de l'excursion. Après ce coup d'éclat (on avait eu tout le temps de préparer un argumentaire théâtral sur le bateau, avec interventions successives de l'un et de l'autre, grimaces de fureur et fausses menaces de courrier au directeur et à tous les guides de voyage), ça allait déjà beaucoup mieux.

Nous sommes ensuite partis pour Hoï An, douze heures de bus de nuit avec pauses interminables toutes les trois heures dans des gargottes locales qui payent les agences pour que les bus s'arrêtent chez eux. Nuit assez agitée et pas trop reposante, en partie à cause de trois Israéliens qui ont jacassé toute la nuit.
Premier contact avec la ville à sept heures du matin, on traverse le marché en pleine effervescence et on débarque devant un superbe hôtel qu'on ne peut sans doute pas s'offrir... l'insistance forcenée des hôtesses nous convainc finalement de visiter les chambres : spacieuses, claires, beau mobilier en bois, climatisation, télé, mini-frigo et balcon donnant sur les champs, sans oublier la magnifique piscine dans la cour centrale de l'hôtel. C'est grandiose, et l'hôtesse nous cède une chambre pour 8 dollars !! En fait l'hôtel est tout neuf, donc pas répertorié dans les guides, les 82 chambres sont vides, d'où un racolage intensif du personnel vers tous les voyageurs et des prix bradés.
Hoï An est sans doute la ville la plus belle, la plus tranquille et la plus agréable où on ait séjourné depuis notre arrivée en Asie. Jusqu'au XIXème siècle, Hoï An était un des principaux port de commerce de toute l'Asie du sud-est et a vu défiler des marchands hollandais, portugais, français, chinois et japonais pendant plus de trois siècles. La vieille ville est splendide, elle est classée par l'UNESCO et suit donc des mesures strictes de préservation et de restauration des monuments. La plupart des bâtiments ont au moins cent ans, et trois styles architecturaux dominent en fonction de l'influence chinoise, japonaise ou française. De magnifiques maisons tout en bois, des temples chinois, des maisons coloniales françaises, un pont couvert japonais, les ruelles sont un véritable musée vivant et témoignent du glorieux passé de la ville. On a tellement apprécié cet endroit qu'on y est resté cinq jours entiers. On a aussi profité de la renommée de Hoï An pour ses tissus et ses tailleurs, et on s'est fait faire une garde robe sur-mesure pour une somme dérisoire.

Ce matin nous avons quitté la ville à regret pour rejoindre Hué en train. La ville est beaucoup moins belle mais le trajet était magnifique et nous a permis de rencontrer un Canadien anglophone très sympa avec qui on doit faire une excursion dans la zone démilitarisée demain.
On vous quitte jusqu'aux prochaines nouvelles, en espérant que vous allez bien.

31/03/2004, Sapa

Beaucoup de choses à raconter depuis la dernière fois, le programme s'est un peu précipité et ne nous a pas donné l'occasion d'envoyer des nouvelles plus tôt.

L'étape a Hué s'est révélée un peu décevante sur le plan touristique, mais elle nous a permis de passer du temps avec Jason (le Canadien Américain) et de rencontrer un Hollandais, Han, tous les deux très sympas et avec qui on a passé beaucoup de temps par la suite. Histoire oblige, on n'a pas pu s'empêcher de faire le "DMZ tour", très populaire ici, une excursion en bus dans la zone démilitarisée, une bande de dix kilomètres de hauteur sur cinquante kilomètres de largeur résultant des accords de Genève de 1954, et qui a scindé le Vietnam en deux états pendant presque vingt ans. Il ne reste maintenant de cette zone que des monuments commémoratifs, un pont, des musées, des tunnels et très peu de vestiges des bases militaires américaines. L'endroit a été a l'époque bombardé à outrance, et il reste encore dans les champs des milliers de mines qui font toujours des victimes aujourd’hui.
Notre excursion d'une journée, qui comprenait une douzaine de sites à visiter, a plutôt ressemblé à une balade chez Mickey qu'à un poignant retour dans le passé. Le bus, plein comme un oeuf, s'est consciencieusement arrêté à chaque site, déversant son flot de moutons pour à peine dix minutes, laissant juste au guide le temps de faire son topo dans un anglais approximatif, et à nous de prendre trois photos sans aucun intérêt... un vrai bonheur pour japonais. D'ailleurs il y en avait un (japonais) qui s'était déguisé en GI pour l'occasion et qui prenait des photos de chaque brin d'herbe foulé par les troupes américaines, courant partout pour ne pas perdre un instant de cette journée passionnante. Bref la journée fut longue (cent cinquante kilomètres de bus et trois arrêts dans un endroit sordide qui se prétendait restaurant), mais on a tout de même beaucoup apprécié la visite des tunnels Vinh Moc, bien plus importants que les tunnels de Cu Chi puisqu'ils ont abrité des familles entières de paysans vietnamiens pendant cinq ans.
Un autre jour à Hué pour les passages obligés : la cité impériale interdite, les tombeaux des empereurs et la pagode du moine qui s'est immolé a Saïgon pour protester contre le régime de Diem.

Puis nous avons repris un bus de nuit pour Hanoï, épuisant... Chaque trajet de nuit en bus équivaut à une nuit blanche, mais cette fois-ci le bus avait trois heures de retard (sur quatorze). Pas perturbé par son retard, le chauffeur s'est arrêté dix kilomètres avant Hanoï, on se demandait ce qui se passait, et là trois types ont surgi avec balais, lessive et chiffons crasseux, se lançant dans un lavage effréné du bus. Le manège a duré une bonne demi-heure, au bout de laquelle ils ont aspergé le bus à grands coups de tuyaux d'arrosage.
Enfin arrivés à destination, on a récupéré nos sacs à dos trempés et boueux (le contenu aussi évidemment), le temps était froid et pluvieux et notre moral au plus bas. Deux jours à Hanoï ont changé tout ça, la capitale est très animée et agréable et regorge de centres d'intérêt et de bons restos. Le moment fort reste la visite du mausolée d'Ho Chi Minh où repose le corps embaumé du grand homme, en parfait état (un peu blafard quand même). Une foule se presse ici tous les jours, des touristes mais surtout des Vietnamiens qui viennent se recueillir devant l'ancien leader communiste, un demi-Dieu au Vietnam.

Des prévisions météo défavorables nous ont fait avancer notre excursion dans la baie d'Halong, que je voulais mémorable. On a donc opté pour la croisière cinq étoiles : trois jours dans la baie dont deux jours et deux nuits complets sur un bateau de rêve, le Dragon's Pearl. Des cabines luxueuses, un restaurant digne des plus grandes tables vietnamiennes et un pont en bois avec transats où nous avons passé des heures (avec des pulls) à admirer un paysage de film. L'endroit est encore plus beau qu'on l'imaginait, on a visité deux grottes immenses et pris des centaines de photos, et on a même eu la chance de voir un coucher de soleil sur les îlots rocheux, ce qui est rare en ce moment car la saison est plutôt aux nuages et à la brume, ce qui donne un côté très mystérieux à l'endroit. On s'est baigné pour dire qu'on l'avait fait (l'eau doit être à 18 degrés), et on a bien profité de ces deux jours pour se reposer et s'empiffrer.

Á regret nous avons quitté notre jonque pour Hanoï, où nous avons sauté dans un train de nuit pour Sapa. Budget oblige, on a pris des sièges à la place des couchettes, ce qui nous a fait atterrir au milieu d'un wagon de Vietnamiens (ce que j'apprécie d'habitude mais là non). Cette fois-ci, la musique à fond, les conversations hurlées plutôt que parlées et surtout l'attitude d'un Vietnamien antipathique qui avait le QI d'une palourde ont eu raison de nos dernières forces. L'individu, affublé par Mère Nature d'une tête à claques doublée d'une sourire crétin, s'est mis à fumer en déambulant dans le compartiment non fumeur. Déjà irritée par la cacophonie ambiante, je lui ai demandé d'éteindre sa cigarette, ce qui a déclenché chez lui une mystérieuse hilarité. Puis il a pris à témoin ses voisins et un groupe de cinq andouilles s'est mis à rigoler en nous montrant du doigt. Au bout de la troisième cigarette le contrôleur est enfin intervenu, mais une demi-heure après le type s'est remis à fumer, je lui ai redemandé d'arrêter, nouveaux rires, puis Ju est allé chercher le contrôleur. Quand il est arrivé, Mr-le-gros-malin avait écrasé la cigarette et regardait le plafond en sifflotant pendant que les autres pouffaient bruyamment... de véritables gamins attardés. On a laissé tombé l'affaire mais il a encore fallu un bon quart d'heure avant que les types se lassent de nous asticoter, et bien plus que ça pour que je retrouve un calme relatif, l'incident m'ayant mis les nerfs en pelote.

Nous sommes donc depuis hier six heures du matin à Sapa, un petit village de montagne du nord-Vietnam tout près de la frontière chinoise. L'endroit est fabuleux : des paysages de rizières en terrasses, des villages de minorités ethniques, des buffles, des cascades, des montagnes, un brouillard qui apparaît et disparaît en un temps record, et surtout un calme rare au Vietnam. Nous faisons un peu de marche vers les villages et des balades à moto (pour les amateurs une Minsk, vieille moto d'Europe de l'est qui fait un bruit d'enfer). Nous profitons de la verdure et de l'air frais avant de retourner a Hanoï où nous passerons quelques jours avant de partir au Laos.
Grosses Bises à tous et merci pour vos nombreux messages, à bientôt pour la suite.


06/04/2004, Hanoï

Dernier mail du Vietnam, on passe encore quelques heures à Hanoï avant de partir ce soir pour le Laos. Vingt-quatre heures de bus, direction Vientiane et un nouveau pays beaucoup moins peuplé et développé que ses grands voisins touristiques. D'après le guide et les nouvelles qu'on a reçues de Jason qui est là-bas depuis une semaine, le Laos est très beau et reposant, les gens adorables, seuls les transports posent problème puisqu'il faut environ une journée pour rallier la ville la plus proche, en bus ou en bateau. Julien commence déjà à avoir des sueurs froides car le Lonely Planet indique au moins un accident mortel par semaine dans les vedettes rapides qui circulent sur le Mékong... on choisira peut-être le bus!
On a profité des quelques jours à Hanoï pour se reposer, se balader dans la vieille ville, faire quelques achats et tester encore de nouveaux restaurants. J'en profite pour ouvrir une parenthèse sur la cuisine vietnamienne car vous êtes nombreux à nous demander si on se lasse du riz.

La cuisine ici est malheureusement délicieuse et on va finir comme des barriques si on continue à ce rythme. Il y a au Vietnam beaucoup de petits restos corrects et pas chers. Les plats sont à base de boeuf, poulet, porc, crevette, calamar ou poisson essentiellement, agrémentés de sauces diverses : aigre-douce, ail et gingembre, noix de cajou, caramel, ananas, poivre-citron vert, cacahuètes, champignons, tamarin, lait de coco, etc. Le tout est accompagné de riz, mais il y aussi beaucoup de plats à base de nouilles et/ou légumes variés (carottes, tomates, oignons, concombres, lemon grass, un légume vert qui ressemble à la tige d'un oignon doux). Les plats sont frits, cuits à la vapeur, dans du lait de coco, du vinaigre ou encore mitonnés dans un pot en terre qu'on apporte à la table du client. Voila pour les repas "officiels", mais les marchands de rue abondent, nous brandissant sous le nez mille cochonneries délicieuses auxquelles il est difficile de résister. Citons entre autres des cacahuètes fraîches, divers fruits (ananas, mangues, papayes, bananes, durians, tamarins), des milk-shakes à base de ces mêmes fruits additionnés de lait concentré, sucre et glace pilée (un régal!), du lait de coco frais, des fruits séchés ou confits (notre préférence va aux bananes frites séchées et sucrées au gingembre), des petits pois séchés salés, du maïs grillé, des sandwichs locaux (petit pain bourré de charcuterie locale style mortadelle ou pâté pour chien, oignons, petits piments et sauce sucrée, Julien en raffole mais je suis moins enthousiaste), des dumpings (chaussons cuits à la vapeur dont la pâte à base de riz renferme de la viande ou des légumes et une sauce sucrée-salée), des brochettes de viande qui rôtissent sur des petits barbecues posés sur le trottoir, des nougats divers (mous ou durs, généralement à base de cacahuètes ou de riz soufflé noyés dans une préparation sucrée, le tout recouvert de graines de sésame), des beignets artisanaux (en fait ça c'est plutôt le contre-exemple, des beignets dont le goût et la texture rappellent le carton et qui suintent l'huile rance, le tout recouvert de gros sucre).
Cependant, même notre curiosité pour la nouveauté n'a toujours pas réussi à nous décider pour certaines gourmandises populaires : des insectes grillés, des poissons ultra plats séchés et salés (je n'ai toujours pas compris comment ça se mangeait), des lézards séchés ou encore des graines de fleurs de pavot fraîches.

Malgré tous ces délices on doit bien avouer que certains fondamentaux de la cuisine française nous manquent, en particulier le fromage, le bon pain, les pâtisseries et les laitages (pour moi), la charcuterie et les gros biftecks (pour Julien). Hier on a craqué, on est allé au Hanoï Gourmet, une épicerie/resto français recommandé par un couple d'Australiens. On a dégusté deux belles assiettes de fromages accompagnées d'un pichet de vin rouge pas trop mal, on était aux anges ! On est ressorti du resto un peu chancelants car on n'a plus trop l'habitude de boire, sinon des bières locales à quatre degrés (à 0,5 dollars le demi-litre de bière et par temps chaud, on a du mal à résister).

On vous laisse pour cette fois, bonnes vacances pour les chanceux et pensez à nous en mangeant vos chocolats de Pâques...

 

 

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